La signification de la lecture

L'un des sujets les plus importants dans l'éducation de l'enfant est celui « de la lecture et des livres ». L'enfant doit avoir un objectif qui le pousse à apprendre à lire et à écrire. Plutôt que de vouloir être guidé, il doit s'élever lui-même au rang de guide. Savoir pourquoi on lit est aussi important que la lecture elle-même.

Essayons de répondre ensemble aux questions suivantes : Qu'est-ce que le savoir? Quel est le but du savoir? Pourquoi liton des livres? Quel est l'objectif que l'on souhaite atteindre à travers la lecture et la compréhension d'une chose?

Si quelqu'un apprend les règles et les principes complexes et confus des mathématiques mais ne s'intéresse pas à leur mise en application, ou bien ne pense jamais à élargir ses connaissances par de nouvelles théories et hypothèses, il n'aura pas atteint l'objectif qu'il aurait dû se fixer.

De même, si l'on apprend tous les principes de base de la médecine sans pour autant en faire usage, sans même examiner un seul patient, on aura alors peu de chances de maintenir notre niveau de savoir - sans parler du fait que l'on aura appris tout cela pour rien.

Enfin, le savoir dans lequel on ne trouve rien qui se rapporte à nous-mêmes ou à autrui est évidemment un savoir vain et inutile.

a) Lire et écrire

L'une des plus grandes priorités du Coran est incontestablement la lecture et l'écriture. Or il convient de souligner que le simple travail de mémorisation qui n'est pas accompagné d'une recherche des desseins divins n'a rien de louable. Nous devons prendre l'enfant par la main, abreuver son âme du nectar coranique et éveiller son intérêt pour le Coran afin qu'il essaie plus tard de comprendre ce que Dieu attend de nous. Malheureusement, nous pensons trop souvent avoir fait assez en apprenant à simplement dire Bismillah (au Nom de Dieu). Cette formule est certes très importante et elle affermit assurément la foi ; mais il faut enseigner plus que cela. Ce qui compte avant tout, c'est de faire connaître à l'enfant les Desseins Divins - même si cela doit être bref.

Maintes époques glorieuses ont ponctué notre histoire. Or il fut un temps où chaque pays musulman comptait des gouver- neurs, des juges et des juristes qui connaissaient le Coran par coeur, mais n'en saisissaient pas l'essence. Ils ne faisaient qu'imiter leurs prédécesseurs. Ils étaient incapables d'innover dans le domaine scientifique ou d'apporter de nouvelles idées dans le domaine religieux, et étaient inaptes à donner de bons jugements.

Il s'ensuivit malheureusement que ces gens à l'esprit étroit et au savoir incomplet continuèrent à pécher par leur silence. En effet, ils fermaient les yeux sur des méthodes et des principes qui contredisaient notre religion - ce qui leur valut de perdre peu à peu la dignité et l'honneur que l'Islam leur avait conférés. Aussi regrettable que cela puisse être, ces individus se sont joués de notre peuple et de notre religion. Ils n'étaient pas pénétrés de leur savoir, qui d'ailleurs ne guidait pas leur coeur. Ce verset coranique : « Et quiconque Il égare, voilà les perdants » (7/178) est expliqué comme suit par le Prophète dans un hadith rapporté par Houzaïfa bin al-Yaman à Hafiz Abou Ya'la :

« L'une des choses qui m'inquiètent vous concernant est celle-ci : soit un individu qui lit tellement le Coran que la lumière coranique se reflète sur tout son comportement. L'Islam devient alors un vêtement pour lui. Il se couvre de ce vêtement pendant toute la durée déterminée par Dieu. Puis subitement - que Dieu nous en garde ! - il ôte ce vêtement et le jette. Il approche ses frères en brandissant son épée et en les accusant de commettre le chirk (association de partenaires à Dieu). » Houzaïfa demanda : « Ô Messager de Dieu ! Qui est le plus proche du chirk? L'accusateur ou l'accusé? » Le Messager répondit : « L'accusateur. »

Aujourd'hui encore, il y a beaucoup de personnes de haut rang qui ne connaissent ni Dieu ni le Messager et qui vivent dans la plus sombre ignorance. Ceux qui sont incapables de méditer sur les milliers de signes et de preuves qui se trouvent dans l'univers, qui sont indifférents aux phénomènes et aux événements qui arrivent autour d'eux sont certes totalement ignorants, quels que soient leurs statuts sociaux. Car nous n'appelons « savoir » que ce qui illumine les mondes spirituels et intellectuels d'un individu, tout le reste, que d'aucuns oseront aussi appeler « savoir », n'est guère plus qu'un fardeau pour le cerveau.

La première injonction coranique est : « Lis, au nom de ton Seigneur… » Ici, Dieu ne dit pas « Lis le Coran » ou encore « Lis ce qui t'a été révélé ». En fait, le Coran explique lui-même le sens de l'ordre « Lis » et attire l'attention sur la création en disant : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé » (96/1). Dieu veut par là nous inciter à reconnaître Ses signes sur le visage de la création.

Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [le calame] (96/3-4)

Comme nous le voyons, la lecture et l'écriture sont mentionnées l'une après l'autre. Ainsi l'homme lit et écrit ; mais quoi qu'il lise, il doit le lire dans le but de comprendre l'essence de son être et celle du Coran, et de ressentir le pouvoir divin sur la création et les lois de l'univers. Tantôt il tournera son regard vers sa propre physiologie et anatomie, tantôt il observera la création. Par suite, il transmettra le résultat spirituel de ses réflexions à d'autres, en commençant par sa famille.

Les versets suivants suggèrent que l'injonction divine « Lis » n'implique pas seulement la lecture du Livre Sacré. En nous ordonnant de lire, le Coran nous conseille de lire les commandements divins, de comprendre le but de la création et de découvrir les lois qui régissent l'univers. Par conséquent, quand nous lisons, nous sommes supposés réfléchir à la création des êtres humains, les lois de l'univers et la révélation au nom de Dieu. En mentionnant la création, le Coran soulève cette question : « Comment avons-nous été créés? » Juste après cela, il dirige notre réflexion vers le mystère de la création en déclarant que nous avons été créés à partir d'une 'alaq (adhérence), qui est décrite dans un autre verset comme ressemblant à « une goutte d'eau ».

Dieu le Très Haut, qui nous enjoint de lire ensemble le livre de l'univers et le Coran, offre aux êtres humains une leçon telle que tout le monde - du jeune élève qui débute jusqu'au grand penseur - retirera des bienfaits de cette leçon, selon sa capacité.

Le Coran mentionne également « la plume », qui renvoie à l'écriture : « Nûn. Par la plume et ce qu'ils écrivent ! » (68/1) Après la lettre initiale (mouqatta'a), Dieu commence la sourate en jurant au nom de « la plume », ce qui indique clairement l'importance qu'Il accorde à l'écriture.

Cette plume peut aussi bien être celle des anges qui prennent en note nos bonnes et nos mauvaises actions, que celle qui a inscrit nos destinées, ou encore celle que vous utilisez à l'école ou ailleurs, peu importe. C'est la personne qui utilise cette plume qui fait toute la différence, et le serment de Dieu au nom de la plume inclut tout ce que nous avons mentionné.

b) Le savoir mène à la crainte de Dieu

Dans un autre verset, il est dit : « Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Dieu. » (35/28) En effet, les savants sont les seuls à vraiment respecter Dieu puisque le sens de respect pour la divinité dépend du savoir. Ceux qui ne connaissent pas Dieu et qui ignorent le mystère de la divinité manquent manifestement de crainte et de respect.

À partir de ce point de vue, si nous souhaitons bien élever nos enfants, l'une des choses les plus importantes à faire est d'inculquer à l'enfant une foi inébranlable. Celui-ci doit aussi être informé autant que possible des preuves de l'existence du Seigneur Tout-Puissant. Parfois, de telles preuves peuvent effacer vos doutes, mais il se peut qu'elles soient difficiles à comprendre pour votre enfant. Dans ce cas, il faudra essayer d'autres façons d'aborder le problème.

Un autre point important est de conquérir leur coeur avec l'amour du Prophète. Pour ce faire, il faut leur parler de sa noble vie.

c) L'élimination des doutes

De nos jours, nous avons affaire à beaucoup de questions comme : « Dieu a créé l'univers ; mais alors - à Dieu ne plaise ! - qui a créé Dieu? » Le fait que de telles questions soient souvent posées montre que l'on n'a pas su donner à nos enfants une explication suffisante concernant Dieu. La raison sous-jacente de la question : « Pourquoi le Prophète a-t-il eu plusieurs épouses? » est la même. Il est clair que l'enfant qui s'interroge ainsi a été dépourvu d'un bon enseignement en ce qui concerne la vie du Messager.

De même, d'aucuns font des commentaires tels que : « Le Messager de Dieu était un homme très intelligent. Les changements qu'il a apportés sont le résultat de son intelligence. » De tels individus n'ont sans doute pas eu droit à une bonne éducation religieuse et ils n'ont pas conscience de la véritable signification de la « Prophétie ».

Et cela ne fait qu'empirer les choses quand de surcroît la société se rend coupable de désinformation. Alors nous devons nourrir le monde spirituel de notre enfant avec des idées saines afin que plus tard il ait une croyance ferme. Si ce que vous dites à l'enfant convient à son âge, il pourra être convaincu. De cette façon, vous aurez supprimé les doutes qui ont pu traverser son esprit.

Un jour, les Zoroastriens (adorateurs du feu) interrogèrent Abou Hanifa et exigèrent des réponses satisfaisantes. Ils lui dirent, à une époque où le progrès scientifique et la pensée islamique étaient en plein essor, qu'ils ne croyaient pas en Dieu. Il y avait beaucoup de Zoroastriens à Koufah, la ville où habitait Abou Hanifa.

Ce grand imam leur expliqua tout très simplement : « Si vous voyez un bateau s'avancer facilement vers le rivage sur une mer très houleuse, un navire habilement dirigé qui parvient à maintenir sa trajectoire malgré les vagues, douterez-vous qu'il y ait quelqu'un à bord qui dirige le bateau à la perfection? » Ils répondirent en choeur : « Oh non ! » Alors l'imam demanda : « Regardez donc ces étoiles, ce vaste univers et notre planète qui semblent naviguer harmonieusement à travers une mer sans jamais dévier de leur trajectoire ; pensez-vous vraiment que tout cela puisse se faire tout seul? » Là-dessus les Zoroastriens répliquèrent : Lâ ilâha illa'llah, Muhammadan Rassûlou'llah.

L'imam s'adressa à son auditoire de façon à en être compris. Certains trouveront son explication trop simpliste, tandis que d'autres la jugeront suffisante. Si logique que soit cette explication, elle s'avérera souvent inadéquate après un certain âge. Le temps venu, il faudra fournir des arguments qui fassent appel à une réflexion plus poussée. On peut choisir nos exemples parmi l'univers, la biologie humaine, etc. Le corps humain, son mécanisme interne, son système cellulaire, son anatomie et sa physiologie ont tous été créés avec une perfection étourdissante. Je pense que si l'on présente ces exemples dans un cadre scientifique, on produira plus aisément l'effet souhaité. On peut aussi parler des diverses caractéristiques de l'air, de l'eau, de la lumière, des vitamines, des protéines, des glucides ou des micro-organismes. En fait, si la façon d'aborder le sujet diffèrera, le fond sera identique et ce ne sera que la suite de la même leçon. Pour exemplifier nos paroles, nous pouvons citer l'excellente manière qu'avait Bediuzzaman Saïd Nursi de parler de Dieu : « On ne peut concevoir une ville sans maire, ni une aiguille sans artisan, ni une lettre sans scribe. Alors comment se pourrait-il qu'une contrée si bien ordonnée puisse être sans gouverneur? » Demander comment l'univers, dans toute son immensité et sa splendeur, pourrait être laissé à lui-même et demander comment les choses pourraient arriver d'elles-mêmes est une bonne méthode pour amener l'enfant à réfléchir. Il nous faut juste choisir les sujets qui conviennent aux jeunes à qui nous nous adressons.

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